Par Sylvaine Luckx le 01/12/2018

En conclusion de la conférence MPower 2018, voici les quelques réflexions issues des échanges avec Raj Samani, Chief Scientist, auxquelles participaient aussi John Fokker.
Raj Samani, né en Inde, se montre réellement préoccupé (et il n’est pas le seul) des dérives qu’il constate sur les réseaux sociaux et de leur possible utilisation pour influencer les résultats d’une élection démocratique ou d’un vote, comme cela a été évoqué lors des élections présidentielles américaines ou lors du vote britannique sur le Brexit.
Les deux interlocuteurs partagent visiblement une même préoccupation, voire inquiétude, de savoir comment travailler avec les grandes plates-formes pour éviter les dérives actuelles très préoccupantes des réseaux sociaux, pour influencer, voire manipuler l’opinion publique à coup de vidéos partisanes, de « fake news » abondamment relayées sans aucune vérification, de tweets intempestifs, rageurs... Et jamais vérifiés.
La notion de « fake news » difficile à appréhender
Illustration avec ce que l’on doit bien se résoudre à appeler « le délire verbal » de certains gilets jaunes et les dérives violentes de ce mouvement, notamment contre les journalistes qui font simplement leur travail (voir, observer, tenter de comprendre). Mouvement d’ailleurs contre-carré ces jours-ci sur la Toile par celui, tout récent, des « Foulards Rouges » de citoyens tout aussi anonymes, mais qui veulent surtout circuler et travailler normalement dans un Etat de droit et non dans une atmosphère de « guerre civile » un peu trop complaisamment relayée par des mouvements politiques de tous bords.
Le phénomène pose d’autant plus de questions plus générales sur les dérives des réseaux sociaux qu’il est difficile de les encadrer de manière formelle (la notion de « fake news » semble en elle-même difficile à appréhender pour les journalistes, que nous sommes).
Ce n’est qu’en se posant de manière pragmatique et rationnelle ce type de questions que l’on pourra arriver à des pistes de solutions qui ne seront jamais que des directions possibles, comme la coopération entre les plates formes et les journalistes que nous sommes, de façon, peut-être, à mieux « décoder » une « fake news ».
En attendant, et c’est simplement une piste de réflexion, les réflexes journalistiques appris en école et/ou sur le terrain (sourcer, recouper, vérifier, ne pas se contenter d’un seul point de vue, être dans l’analyse et ne jamais prendre parti) restent des basiques plus que jamais indispensables.